Attention : exploits

Par Romain Hude

 

Cher lecteur c’est avec une certaine fébrilité, et encore beaucoup d’émotion que je m’apprête à retranscrire l’aventure sportive et humaine incroyable que nous avons vécu ce dimanche 21 avril 2013. Ceux qui étaient présents pourront témoigner que je n’exagère pas (ou alors pas beaucoup), et se souviendront tous longtemps de cette page glorieuse de l’histoire du club.

Le récit de cet épopée héroïque débute de façon fort terre à terre, par un réveil beaucoup trop matinal pour un dimanche ; entre 5h30 et 6h pour la plupart d’entre nous.

Heureusement le soleil fait preuve de solidarité et tente, sans grand succès toutefois, de réchauffer le fond de l’air.

La suite n’est pas non plus très homérique : arrivée dans la zone commerciale de Pontault-Combault (pour bien prononcer, pensez à garder la bouche en cul de poule tout le long), une nationale avec des ronds-points, des parkings, des fast-foods et toutes les grandes franchises dont on peut rêver si on a un peu d’argent à dépenser et beaucoup de temps à perdre. Celle qui nous intéresse est une grande enseigne de sport (on se rapproche enfin du sujet) au logo bleu : D4 pour les intimes, qui accueille la logistique de la course et prête ses précieuses toilettes.
 
Voici donc la fine équipe des FSGL réunie. Je devrais plutôt dire les fines équipes puisque il y en a trois : une féminine, une sénior et une vétéran, chacune composée de 6 braves qui se relaieront sur les distances de 5, 10, 5, 10, 5 et 7.195km pour boucler la distance marathon en un temps record. Trois éléments clés complètent le groupe : Miguel qui anime la course, sans parti-pris (ou presque), Jean-Marc en tant qu’architecte et maitre d’œuvre des stratégies d’équipe, et Jérôme, forfait de dernière minute, mais qui a fait le déplacement pour immortaliser le tout sur pellicule numérique.

Le parcours, comme les années précédentes, se compose d’une boucle de 5km dans les bois, un quart bitume, trois-quarts chemin.

Le décor est planté, les protagonistes identifiés, c’est parti pour l’Acte 1.
 
Le premier relais de mon équipe est assuré par Benoit, qui nous a sortis de la mouise en remplaçant au pied levé notre photographe du jour. Il est stressé comme un candidat au bac notre Benoit ! Et son allergie aux pollens n’arrange pas les choses. Ephrem, qui assure le départ pour les vétérans, le prend sous son aile et le rassure sur la ligne de départ. Chez les féminines c’est Stéphanie, pas au mieux depuis les cross et malade cette semaine, qui va donner son maximum sur ce premier 5km. Bang, c’est parti pour les 97 premiers relayeurs, toutes catégories confondues. Les plus rapides boucleront le tour en un peu plus de 16 minutes.

J’ai un peu de temps avant mon passage et je remonte le circuit à l’envers sur 1km pour profiter de la course. Les premiers passent comme des balles : ça ne rigole pas, certaines équipes ont mis le paquet ! Ephrem et Benoit arrivent ensemble aux alentours de la 13ème position. Benoit a oublié le stress et le pollen et se donne à fond, comme le montre son chrono à l’arrivée. La première féminine passe une petite minute après eux, et à peine 100m derrière c’est notre Stéphanie, qui fait un numéro énorme et emmène dans sa foulée tout un petit groupe ! Je l’accompagne jusqu’à 200m de l’arrivée pour l’encourager. Elle ne lâche rien et met son équipe en orbite, en seconde position, et dans un excellent chrono.

Pour mon équipe Nico est parti en 13ème position, pour deux tours complets. Il se bat comme un lion lors du premier tour et remonte au classement.

Je me suis échauffé pendant son deuxième tour et je patiente maintenant dans la zone de relais. L’attente est interminable. Je vois défiler les relayeurs et je réalise que les premiers ont déjà pris une avance considérable. Ça va être chaud !

Le voilà enfin ! Il a fait un très bon 10km et me laisse le témoin en 10ème position. J’attrape le petit bracelet jaune et je fonce tête baissée, en léger surrégime pour faire un peu d’intox sur les équipes concurrentes. Après 500m je réalise que j’ai oublié de déclencher mon chrono ; je l’enclenche après le premier kilo et je lève un peu le pied. Sur le second, passé en 3’28, j’ai doublé deux concurrents et je suis donc en 8ème position. Je fonce sur les suivants, à environ 200m devant moi. Un point de côté m’oblige à baisser le rythme mais mon objectif se précise : les deux concurrents de devant se sont regroupés, et je gagne du terrain sur eux minute après minute. Je les rejoins 400m avant la ligne et je les double sèchement pour les décourager. J’en entends un qui s’accroche, qui souffle sur mes talons, mais je parviens à faire un trou symbolique d’une dizaine de mètres en déboulant du dernier virage. L’aire de relais est à 50m, mais je ne vois pas Yoan dans le sas ! Je hurle son prénom mais en arrivant dans la zone je ne le vois toujours pas ! J’espère qu’il ne nous a pas fait le coup de la pause pipi ! Non, il est là, dans le couloir d’attente. Il me voit enfin et prend son relais sans trainer, en 6ème position. Encore 4 places de gagnées et notre meilleur élément en scène : on sent renaitre quelques espoirs dans nos rangs.

Et en effet Yoan fait un sacré numéro ; Il donne l’impression de se balader au passage du premier tour. Il a repris du temps et encore une place, mais les écarts sur la tête de course sont toujours importants. Le podium semble définitivement compromis, et les 2h30 de la qualification aussi. Yoan finit son 10km façon Bekele et a encore repris une place. C’est en 4ème position qu’il lance notre Frédéric, le mor aux dents, mais le 3ème est très loin devant et il faudrait un miracle pour revenir sur lui.

C’est une véritable torture d’attendre sur la zone de départ/relais/arrivée car on ne voit débouler les coureurs qu’à 50m de la ligne. Je prends donc à nouveau le circuit à contre-sens sur le dernier kilo et note les écarts. En tête, l’équipe d’argentan est toujours intouchable et continue son cavalier seul. Le second arrive avec 3’30 de retard mais toujours pas mal d’avance sur les suivants ; intouchable aussi. Mais pour la troisième place les espoirs sont permis car Fred a effectué une remontée magnifique et presque inespérée ; il ne pointe plus qu’à une trentaine de seconde de la 3ème place et continue son effort. Je l’accompagne sur 700m pour l’encourager et lui expliquer la fin du parcours, qu’il ne connait pas. L’écart avec le 3ème se réduit à vue d’œil ! Il nous fait un 5km de folie notre Fred !

Sébastien prend le relais avec 28 secondes de retard sur la troisième équipe. Je ne suis pas là pour le voir mais Jean-Marc me signale qu’il est parti vite. Aïe ! C’est son péché mignon au Seb, il aime les départs rapides, mais ça lui arrive de le payer sur la fin, surtout qu’il a 7,195km à faire. Mais aujourd’hui il ne court pas pour lui mais pour l’équipe, et ça change les choses au niveau mental croyez-moi. Et puis je suis bien placé pour savoir qu’il trouve toujours des ressources pour placer un gros finish. Toute l’équipe s’est regroupée dans le dernier virage avant l’arrivée, un œil sur la sortie du bois et un œil sur le chrono car l’enjeu est double : la place et la qualification au france d’Ekiden (moins de 2h30). Argentan passe en solitaire et remporte une belle victoire en 2h24’22’’. Ensuite les minutes passent et rien ne se passe. 2h28’30’’ à la pendule officielle et toujours aucun coureur en vue ! Ça serait trop bête de manquer la qualif pour quelques secondes ! On ne se parle pas me je sais que chacun pense à ces quelques instants perdus, cet ultime effort qu’on a pas su faire sur notre relais et qui va faire la différence à la fin. L’attente est horrible ! 2h29’10’’…

Ah, on dirait que ça bouge à la sortie du bois. C’est notre Seb qui surgit en tête, talonné par deux fauves qui viennent de se faire dépasser et qui ne s’en remettent pas ! C’est de la folie ! Au micro Miguel oublie quelques secondes sa neutralité et jubile en annonçant la deuxième place pour les foulées, avec en prime un temps qualificatif. Quel scenario ! Et quelle fierté d’avoir fait partie de cette équipe. Notre joie contraste avec la déception de l’équipe Athlé Nord 77, qui était passée largement en tête après le second relais et avait tenu la seconde place le reste de la course.
 
Quelques minutes après c’est notre président qui boucle la distance pour les vétérans, 7ème au scratch et finalement 3ème dans sa catégorie. Une performance énorme pour cette équipe qui compte deux V2 et un V3, et des coureurs qui sortent tout juste du marathon de Paris.
 
Les filles sont aussi à la fête puisqu’elles prennent une très belle troisième place, en moins de 3h.
 
La suite est une orgie de bisous, de tapes dans le dos, de félicitations en tout genre. La pudeur m’oblige à ne pas rentrer dans les détails. Les podiums sont un peu longs à se mettre en place mais personne n’a envie de manquer ça tant l’ambiance est électrique et grisante.
 
Je rentre à la maison avec un bon coup de soleil sur le front. Je me rends compte que je suis parti 8 heures plus tôt ce matin, mais le temps est passé tellement vite…
 
Au moment où je boucle ces lignes je prends connaissance des récits de Stéphanie et de Benoit sur le site. Ils ont été moins bavards que moi mais tout aussi enthousiastes. Ca me rassure, je n’ai pas rêvé, il s’est bien passé un truc génial ce dimanche à Pontault-Combault (bouche en cul de poule s’il vous plait).
 
 
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