Pour Margaux, M. et T.

 

29 juin 2013…

 

Comment est-ce possible ? Dans une demi-heure, le départ du 57 km de l’Ultra marin du Morbihan sera donné et je n’en reviens toujours pas d’être là…

 

Mais remontons quelques mois plus tôt…quand mon amie Stéphanie me dit qu’elle avait décidé de s’inscrire sur le 87 km du Raid du Morbihan. Sur le coup, sa décision ne me surprend pas, je sais que par le passé, elle a déjà couru des longues distances. Mais quand elle me demande si je souhaite y participer, je la regarde éberluée : « 87 bornes ? Moi qui n’en ai couru que 36 grand max ? Tu plaisantes ? ».

 

Et puis il y a eu plusieurs événements qui sont survenus : le décès de Margaux, la petite fille de 15 mois de ma meilleure amie, atteinte de leucémie, et mon envie de m’impliquer pour la cause des enfants malades ; mes premiers pas prometteurs sur des trails au mois de mars, qui m’ont vraiment enthousiasmée ; des soucis de santé sérieux qui m’ont épuisée et qui expliquent que j’ai préféré courir sur une distance plus courte que mes deux compagnes étoilées; des entraînements avec Steph et Nico, toujours dans la bonne humeur ; mon dernier trail, le trail des cerfs, qui a été le réel déclencheur : j’étais capable de courir 37km, alors pourquoi pas un peu plus ?

 

J’ai donc appelé mes amies et leur ai fait part de ma décision de m’inscrire sur le 57km (déjà une prouesse pour moi sachant que j’ai une intervention chirurgicale une semaine avant), mais en ajoutant également que je souhaitais courir pour une cause et non pour une performance purement personnelle : Nico et Steph ont immédiatement adhéré à l’idée, en se joignant à mon projet (quel bonheur d’avoir un tel soutien !). La « stars team » était créée…

 

13h 34

Les pensées et les émotions me submergent sur cette ligne de départ, au port du Bono. Je porte fièrement mon beau tee-shirt violet dédicacé « Pour Margaux », Nico et Steph auront la même tenue sur le 87km, nous serons ainsi « reliées » mentalement…

 

Je suis à la fois excitée et angoissée : excitée car je sais qu’au bout de ces 57km, je retrouverai ma meilleure amie que je n’ai pas vue depuis 8 ans et qui a tenu à faire la route après avoir appris ce projet ; angoissée car je vais faire la course seule et on m’a dit à maintes reprises combien le fait de courir à plusieurs sur une telle distance avait son importance. Je me dis que la cause que je soutiens ne pourra que m’aider mentalement à terminer ce défi…

 

Ah, j’allais oublier une petite anecdote ! Une heure auparavant, nous nous étions arrêtés avec ma famille dans une pizzeria pour manger, et quand j’ai voulu me préparer et mettre mon dossard, celui-ci avait disparu !!!!Panique à bord !! J’ai refait maintes fois le parcours jusqu’à la voiture dans un état de stress épouvantable : rien ! J’ai appelé le PC de la course qui m’a annoncé qu’il n’y avait aucune solution et que je ne pourrai être pointée…autant ne pas partir donc ! Et juste au moment où je commençais à baisser les bras, un SMS de mon mari m’avertissait que la serveuse du restaurant

 

avait retrouvé mon dossard dans l’un de ses menus ! Quand on dit que la gourmandise est un vilain défaut !!;-))))

 

13h 41

Mon fils Théo vient me rejoindre parmi les coureurs : nous commençons à danser tous les deux sur la musique entraînante de Kavinski, nous encourageons quelques coureurs du 177km qui passent sur le vieux pont du Bono : visages aux traits tirés, muscles contractés, ils parviennent toutefois à esquisser un sourire…

 

Un dernier câlin à mon fils qui se met à pleurer en me disant qu’il veut venir courir avec moi…la perspective de courir avec mon fils de 4 ans dans les bras pendant 57km me fait sourire… déjà que je ne sais même pas si je parviendrai seule à l’arrivée….

 

14h00

Le départ est donné…fidèle à moi-même, je pars comme une furie, me laissant entraîner par les pitbulls des trails dans une montée de plus d’un kilomètre dans les rues du Bono ; je regarde mon chrono : 4’17 au premier kilomètre ! Il va falloir se calmer cocotte !!

 

Je ferai une ellipse narrative des 56 autres kilomètres qui ressemblent à ce que tout coureur peut éprouver…en résumé : beauté des paysages, une chaleur horrible (cause de nombreux abandons, surtout à partir de 15h30), de belles rencontres sur le parcours qui ont rendu la course moins difficile et moins monotone (merci à Arnaud, Delphine, Florian …), des imprévus (j’ai croisé à la sortie d’un tournant Philippe et Catherine Laurent qui m’encourageaient, quelle belle surprise !! Merci à eux !!) , des rires (je me demande bien ce qu’un papy a mis dans une bouteille qu’il m’a proposée pour me rafraîchir alors que j’étais en haut d’une côte, mais ce qui est clair, c’est que ce n’était pas de l’eau !!!), une bonne dose de souffrance (ben c’est moins drôle sinon !) mais surtout une grande émotion quand je suis arrivée sur l’esplanade du port (à 5’13 au kilo tout de même) et que j’ai aperçu ma famille…et mon amie : je lui avais dit : « Rendez-vous à 20h pour nos retrouvailles autour d’un plateau de fruits de mer… » et quand j’ai franchi la ligne, après avoir déposé mon camelbag pour rendre hommage à Margaux, l’horloge du port affichait exactement 20h00 !!! Soit 6heures de course, pas une minute de plus !!!

 

Je crois que ma plus belle victoire c’est celle-ci, celle de l’amitié ; bien sûr je suis ravie de mon podium et de ma perf, mais cela me semble en fait tellement secondaire…

 

Cette notion de partage est exceptionnelle, le trio de la « stars team » a rempli avec brio son objectif : véhiculer l’image d’une petite fille qui s’est battue contre la maladie avec détermination…

 

Merci Steph, merci Nico