Championnat de France à Buis les Baronnies

Par Jean Claude Soudieux

 

Apres une période faste de trois premières places consécutives,  un souci de santé m’arrête brusquement. En ce 1er Mai 2013, Alors que j’étais tranquille à la maison, mon genou devient  douloureux, gonfle. Direction l’hôpital,  hémarthrose, ponction de sang  et arrêt complet de toute activité sportive pour deux mois.

 La reprise sera décevante. Impossible de revenir à  une forme convenable. En course, en toute arrière garde, je ne marque que 20 points au challenge  des Yvelines.. Je pense qu’il  sera impossible de remonter la pente En septembre ma licence sera athlé running, inutile de choisir compétition

Au printemps 2014, le club organise le trail des Forts de Besançon. Toujours hors de forme, je décline d’abord mon engagement, puis je me ravise. Incapable de suivre le rythme du club, mon entrainement sera solitaire, fastidieux, au début  sur du terrain plat, puis dans les petites cotes, avec juste le chant des oiseaux pour m’encourager. Je retrouve peu à peu suffisamment de condition physique pour me mêler  aux traileurs débutants. Puis arrive au club Philippe, le groupe des traileurs s’agrandit  en nombre et maintenant je suis les autres, derrière mais je suis.

A Besançon, lancé sur le 47 km, « J’en bave », mais malgré la météo  déplorable çà passe. Barrières horaires respectées. Francky me materne surtout en fin de parcours quand les jambes n’en veulent plus. Qualifié pour les championnats de France pour la performance, mais il faut déchanter. Avec la licence Athle running , pas de qualif. Le règlement c’est le règlement.

Le démon de la course à pied se réveille en moi. J’établis un plan B pour participer aux Championnats avec les copains qui eux sont qualifiés. Phase 1 le 3 septembre je prends une licence compétition. Phase 2 je m’inscris à la dernière course qualificative : L’Infernal  trail des Vosges le 14 septembre Phase 3 le club m’inscrit in extremis pour les championnats du 28 septembre.

La phase 2 sera compliquée 30km 1000 m de dénivelée en moins de 5 heures. Dans le sas de départ on nous annonce 33km 1100 m de dénivelée, toujours en moins de 5 heures. Pas question de trainer pour un V4 A mi parcours un adversaire inattendu, attaque de guêpes qui me font de multiples piqures douloureuses dans le cuir chevelu et dans le dos. Le souci majeur c’est  que je suis allergique aux piqures de ces bestioles, j’ai déjà  passé quatre jours hospitalisé suivis  d’une longue désensibilisation. Le danger c’est l’Œdème de Quincke et nous sommes en pleine forêt. Pas le choix il faut continuer quoi qu’il arrive. Je termine en 4 h 49 temps qualifiant et me dirige vers le poste de secours ou je retrouve d’autres victimes des guêpes. L’allergie provoque une baisse de tension, la mienne est à 10 .je suis au bord du malaise, traitement anti histaminique et surveillance de quelques heures. Tout est bien qui finit bien. Je n’ai que deux semaines pour récupérer. Pratiquement pas de course à pied, juste du vélo, pardon de la bicyclette à allure touriste 3ieme âge, en évitant les cotes.

 

Dimanche 28 Septembre. Eric Julien et moi engagés sur le 24 km faisons la grasse matinée. Les autres ont du se lever de bonne heure pour être au départ à l’heure. Nous entendons le coup de pistolet du départ dans  nos lits douillets. Quand c’est notre tour d’être au départ, nous voyons passer la course de 62 km : Bertrand, José, Stéphane qui ont déjà deux heures de course dans les jarrets. Nous les encourageons. Jose me crie au passage, tu fais un podium en V4 ! une sorte d’injonction.

 J’avais prévu un départ juste un peu trop rapide pour éviter les bouchons. Erreur, je n’ai pas le rythme pour partir vite et rentre dans le rang. Au bout de quelques km, un V4 m’aborde, un brin de causette , Il mène un bon rythme difficile à suivre. Je sens qu’il en a sous la godasse et de l’expérience. Il accélère, je préfère ne pas suivre pour éviter de me mettre dans le rouge. Je pense pour le titre de champion de France, çà m’a l’air perdu.

Nous approchons du ravitaillement quand un coureur me dit qu’il y a un autre V4 devant pas très loin. Donc je ne suis au mieux qu’en troisième position. Au ravito, je vois mes deux compères V4 arrivés avant moi qui devisent en se ravitaillant. Maintenant nous sommes trois V4 ensemble. Je me ravitaille et voit ces deux V4 partir. Si je les laisse filer ensemble, je risque de ne plus les revoir. Grosse goulée d’eau parce qu’il fait chaud et je les prends en chasse. Nous sommes à nouveau trois V4 ensemble.  Le premier V4 rencontré reprend son rythme accéléré. A nouveau je préfère le laisser filer. C’est un costaud, ne pas faire l’erreur de m’accrocher. J’accélère moi aussi, mais moins fortement, je sens que l’autre V4 qui s’avère  être le dernier vainqueur  sur le même parcours, décolle de quelques mètres et nous arrivons sur une longue descente non technique comme je les aime, je mets le turbo pour creuser l’écart et ne plus être un point de mire pour lui. Nous ne nous reverrons  plus jusqu’à l’arrivée. Une grosse cote technique en pleine cagne 300mde dénivelée et c’est la descente. Je suis à l’aise et descends  bien, craignant  un retour du troisième. Pas trop d’illusion concernant le premier. Je remonte beaucoup de coureurs et tombe sur deux féminines, les double à toute allure. Voyant mon dossard repère V4 elles applaudissent, je les remercie d’un signe de la main. En fait elles avaient vu passer peu avant  le V4 de tête qui descendait lui aussi très vite.

Fin de parcours difficile, entre coupée de section sur route en plein soleil, peu d’ombre. Les quatre derniers km, c’est  en  serrant les dents qu’il a fallu les faire. A l’arrivée le premier me devançait de  5minutes trente. Il me dit : c’est mon 21ieme titre de Champion de France toutes distances confondues. C’était manifestement un trop gros morceau pour moi. Il me  suggère de participer aux Championnats du monde vétéran qui aura lieu en 2015 à Lyon, mais ceci est une autre histoire.

Des la ligne d’arrivée franchie,  un »officiel »me dit que je suis  sur le podium et de ne pas m’éloigner. La cérémonie protocolaire était bien compliquée monopolisait  plusieurs bénévoles pour ranger  les récipiendaires dans l’ordre de catégorie et d’arrivée derrière  le podium. La Marseillaise pour  chauffer l’ambiance au début de la remise des médailles.  J’aI  connu un certain nombre de podium, parfois très beaux  comme mes deux premières  places au trail des Templiers, mais à Buis les Baronnies, c’est certainement celui  ou j’ai ressenti la plus forte émotion…à 75 ans.

Devant le podium, parmi la foule, je voyais Franky tout souriant, Julien,   Eric qui filmait la scène  en alternance avec celle de l’arrivée des  coureurs du club en terminant avec le 62 km.

Et voilà un petit supplément à « ma carrière »qui  n’arrête pas de se poursuivre :Vice  Champion de France pour mon ¾ de siècle.

Tout cela, ne serait pas possible sans l’ambiance club, l’organisation des déplacements, les entrainements en commun en forêt, avec l’indulgence des bons traileurs du club quand ils doivent m’attendre dans les moments de méforme. Buis les Barronnies c’était un aboutissement pour l’année 2014. . La vieillesse, c’est quand on n’a plus de projets. Il va falloir en trouver d’autres. J’aimerais faire passer le message que même vieux, même victime de problèmes de santé anodins où non,  tant que le corps tient et que la tête le veut, on peut trouver du plaisir dans l’exercice physique.

 Je voudrais dire aussi à tous les Cassandre, qui craignent pour mon existence, qu’ils n’auront raison qu’une seule fois, le jour où ils m’enterreront. Entre temps  j’en aurai bien profité.

A bientôt pour de nouvelles aventures

 

 
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