La SaintéLyon, par Silvain

La SaintéLyon, par Silvain Ducros - 72km - 1950m D+

 

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J’aime bien participer aux trails mais j’aime aussi les courtes sur route. Cette année, j’avais plusieurs objectifs, participer à la Maxirace mais aussi améliorer mon temps sur Marathon en m’y consacrant davantage. Après le marathon de Boston je planifiais donc une nouvelle tentative sur Frankfort fin octobre. C’est au même moment que m’est venu l’idée de la SaintéLyon.


La SaintéLyon est un mix trail et course rapide, en grande partie sur chemins de campagne et route. Je l’avais déjà faite en 2013 dans des conditions difficile de neige et glace, je connaissais ses caractéristiques et j’avais pu réfléchir à une meilleure façon de l’aborder. Le parcours change un peu chaque année. Cette fois c’est 72 km mais avec plus de dénivelé : 1950m D+

Objectif : finir en moins de 8h et si possible accrocher la « SaintéLyon d’Or » qui récompense ceux qui terminent en moins de 7h45

L’idée est de capitaliser sur la préparation marathon et d’enchainer rapidement sur un entrainement trail avant de réaliser la course. Allons-y vérifions si cela peut fonctionner.
2 semaines après le marathon je remontais donc en charge essentiellement sur des parcours vallonnés en enchainant les répétitions de cotes et des sorties de plus en plus longues jusqu’à 4h15, 2 semaines avant la course. Le planning est un peu serré.

Samedi 5 décembre, c’est le jour J. Au moment de monter dans le train je me dis que je suis quand même un peu dingue de m’être engagé la dedans : sacrifier un weekend pour aller faire une course longue et difficile de nuit en hiver ! Pourquoi est ce que je m’engage dans des truc pareils ? En fait on se dit tous ça et on y va quand même !Arrivant à Lyon tardivement, vers 19h, je me retrouve dans une file digne d’un parc d’attraction pour accéder au dossard. 45 minutes de file d’attente pour finalement récupérer le dossard et me précipiter dans le bus pour Saint Etienne. J’ai un peu de mal à apprécier l’avant course, le stress, mon camarade de bus n’est pas très causant, il préfère jouer avec son smartphone.

http://www.la180.com/wordpress/wp-content/uploads/2014/11/saintelyon-suivi-live-2014-02.jpgEn arrivant à Saint Etienne, je rentre dans le hall d’exposition et ça commence à aller mieux. Des milliers de coureurs sont là, nombreux sont allongés pour prendre un peu de repos, le hall est comble. On commence à ressentir la course.

Dernier choix avant la course : les chaussures. J’ai emmené avec moi une paire de trail Saucony Xodus et une paire d’Adidas Boston 4, routière avec une bonne accroche. La SainteLyon comporte beaucoup de bitume ou de descentes rapides sur de large chemins. Les chaussures de trail peuvent taper un peu. Le speaker annonce de très bonnes conditions, un groupe parti de Lyon en sens inverse pour faire la « 180 » n’a vu que de rares flaques, le terrain est sec. Au dernier moment, je change donc de chaussures et prend mes chaussures de route. Ce fut un bon choix 

http://www.tribalsport.com/images/stories/News/2015-06/Saint%C3%A9lyon-2015-pr%C3%A9sentation-inscription-9-d%C3%A9cembre-date-horaires-logo3.jpgJe me place dans le SAS de départ très tôt.
A part la catégorie Elite, il n’y a pas de SAS mais 6000 coureurs qui vont partir ensemble.
A 23h15, je suis placé à une quinzaine de mètre de la ligne. C’est la bonne position pour un départ rapide et éviter les bouchons qui vont indiscutablement se faire dés que l’on va attaquer la montée vers Sorbiers.
Le départ est à minuit pile.

Les 6 premiers kilomètres sont très rapides dans la zone industrielle de Saint Etienne, faux plat souvent descendants, on est à vitesse marathon. Vient ensuite la montée vers Sorbiers et St Christo, d’abord sur route puis sur des chemins de campagne, parfois caillouteux mais très secs. Le rythme est soutenu. Ca reste très roulant, on court pratiquement tout le temps.

Je passe St Christo au 16ème km sans m’arrêter au ravitaillement.  J’avais déjà fais ça il y a deux ans et ça marche très bien. Je pense que passer peu de temps sur les ravitaillements permet de gagner beaucoup de temps. Après St Christo, il y a quelques belles montées mais ça reste très roulant . J’arrive à Sainte Catherine, 2h35, 28km et plus de 700m de D+. Pleine forme.

Ensuite vient l’ascension vers le point culminant de la course à près de 1000m d’altitude puis la longue descente vers St Genoux. Le ciel est clair depuis le début de la course, vue sur la lune et les étoiles en haut, les lumières des villes en bas et cordon de lumière des frontales qui relie tous les coureurs vers un objectif commun, l’arrivée à Lyon.  Il est 3h du matin. On sais enfin pourquoi on est là.La course se poursuit, après Saint Genou, encore quelques petites difficultés, quelques descentes techniques, puis longue descente douce sur chemins et route jusqu’à Soucieux (51,5 km) que j’atteint en 5h pile. Jusque là ça va. Course parfaite.

Les difficultés commencent ensuite. J’oublie de changer la pile de ma frontale au ravitaillement et m’en aperçois plus loin. Je change la batterie mais fausse manipulation ou pas, ça ne marche pas et la lampe ne se rallume plus. Heureusement je dispose d’une seconde lampe et je peux repartir après 2-3 minutes qui me semblent cependant très longues. Quelques kilomètre plus loin, je commence à avoir une sensation de froid.  Je me rend compte qu’avec l’alternance de course rapide, de passages plus lents avec un froid assez intense (moins de zéro) sur les hauteurs, j’ai pris froid, notamment au ventre et que j’ai du mal à assimiler ce que j’avale.

Progressivement je perd de l’énergie. Il reste encore une bonne quinzaine de km. Quelques premiers signes de crampes apparaissent aussi mais cela n’ira pas plus loin. On rentre dans le dur. La lassitude qui vient sur toute course, le mur. Cette course étant comme un ultra-marathon c’est pas étonnant. C’est un moment bizarre, il combine épuisement physique et mental mais en même temps une plus grande ouverture sur l’extérieur. On est plus sensible à l’environnement, les autres concurrents, les petits détails comme détaché de sa propre personne. J’imagine que cela doit être une sorte de protection mentale. Passage à Chaponost, il reste encore 10km. Au ravitaillement, assez bizarrement, on sert du Pepsi Max . Les coureurs font attention à leur ligne ! Le parcours est moins intéressant, on s’approche de la ville. J’ai toujours du mal à relancer, je commence à me faire pas mal doubler. Vivement la fin mais pour ça il faut courir, donc on s’accroche et on avance. Quelques km avant l’arrivée, dans la banlieue de Lyon, sur route, une très longue montée, environ 1,5 km avec des passages à 20%, j’ai du mal à avancer. Un concurrent me tapote l’épaule pour m’encourager. Il reste 5 km et petit à petit l’énergie revient, je repars sur un bon rythme, dévale les escalier qui nous amènent à Lyon, passe rapidement les deux ponts qui nous amènent à la halle Tony Garnier en redoublant des concurrents. C’est la fin. Il fait encore nuit !

Résultat finalement très bon avec 7h23, près d’une heure de moins qu’il y a deux ans mais des conditions extrêmement favorables. J’ai aussi décroché la « SainteLyon d’Or » qui récompense ceux qui arrivent avant le jour ! Autre motif de satisfaction, pendant la course j’ai doublé et me suis fait doublé plusieurs fois par une grande Championne, Sylvaine Cussot. Elle me déposera finalement pendant ma période de moins bien pour finir avec quinze minutes d’avance sur moi, 5ème féminine. Elle m’a impressionné par sa régularité et sa gestion de la course. Elle ne faiblit jamais et finit très fort.

A propos de la course, c’est un énorme événement. 15000 participants sur les différents format mais c’est rodé et la course est plutôt bien organisée . Le balisage est impeccable, les bénévoles sont très sympathiques. Peut-être un bémol sur les ravitaillement, ils sont grands mais il y a tellement de monde en même temps que ça peut devenir compliqué aux « heures de pointe ». La SaintéLyon est une course mythique, une ambiance particulière règne dans cette vieille course de nuit. Beaucoup reviennent plusieurs fois, voire la font tous les ans. Un parcours qui varie un peu chaque année, une météo imprévisible, sec, boueux, pluvieux, brumeux, neigeux, glacé mais toujours ce cordon de lumière. C’est la magie de cette course.

 
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