Une idée de l'enfer

 Par Bruno Bouvier

 

il faut nous rendre à l’évidence, seule reste cette « Origole »

L’idée de départ pour Mohamed et moi-même est de récolter 2 points qui nous permettraient d’envoyer un dossier d’inscription pour participer à l’UTMB. Après avoir regardé le calendrier des courses, il faut nous rendre à l’évidence, seule reste cette « Origole » que nous ne connaissions pas auparavant. La distance (75 Km) et l’heure tardive du départ (22 heures) nous rappelle un peu nos participations à la fameuse Saintélyon.

Engagés sur le 75 Km (il y avait aussi un 28Km) nous avons 3 boucles à parcourir. La première de 28Km et 660m D+, la seconde de 26Km et 1000m D+ et la troisième de 21Km et seulement (…) 220m D+.

L’aventure commence donc à 22h avec un départ très prudent car la préparation n’était pas des meilleures. Très vite, on se rend compte que la course risque d’être très dure vu l’état du terrain ; la pluie n’a pas cessé la semaine précédente…..l’enfer commence. Cette première boucle, nous avions prévu de la faire en 3h30mn environ, ce qui nous laissait de la marge pour la barrière horaire (4h30) à respecter. Après de nombreuses glissades, chutes…nous arrivons au gymnase qui sert de point de ravitaillement, salle de repos pour les coureurs, de pointage pour l’organisation. On regarde notre chrono, cela fait 4h25mn que nous sommes partis, les jambes sont extrêmement lourdes, le moral bien entamé. Momo sent que ses jambes ne pourront pas subir une deuxième boucle qui s’annonce sur le papier encore plus dure que la première, il faut dire que la semaine précédente passée au Maroc n’avait pas facilité sa préparation…Finalement, il décide d’arrêter là l’aventure et m’encourage à la poursuivre ! J’hésite un peu ; il ne me reste officiellement que 5 mn pour me ravitailler, me changer…pas le temps de réfléchir en somme. Mon côté compétiteur reprend le dessus malgré la fatigue et ce qui m’attend sur la 2ème boucle ; je change finalement de chaussettes et surtout de chaussures (la première paire ressemble à 2 tas de boue posés sur le sol du gymnase !) et me voila reparti.

 

je repasse au gymnase, Momo est là pour m’accueillir et m’encourager…

Immédiatement, j’essaye d’accrocher un petit groupe de coureurs pour ne pas être seul dans la difficulté, pas facile vu le nombre limité de participants au départ (environ 200 sur le 75Km). Je rattrape trois autres coureurs et nous continuons ensemble l’aventure. Les minutes puis les heures passent, le terrain s’avère être plus facile que sur la première boucle, d’avantage sablonneux, en sous-bois et le dénivelé positif plus important est plus facile à gérer que sur la première boucle. 4h plus tard, je repasse au gymnase, Momo est là pour m’accueillir et m’encourager, ce qui fait évidemment beaucoup de bien, il m’encourage à poursuivre. Ce deuxième passage au gymnase est plus difficile à gérer que le premier, cette fois je ne suis pas pressé par la barrière horaire, il fait chaud, la soupe est bonne, je prends plus de temps pour changer une nouvelle fois de tenue. Il faut alors faire appel au mental pour repartir une deuxième fois dans la nuit toujours présente et les averses ponctuelles. La troisième boucle est la plus simple à priori mais après 54Km dans les jambes, les 21 restants semblent encore très longs…

 

Le jour commence à se lever, nous éteignons les frontales, ça sent bon la fin de course…

Je repars seul mais pas pour longtemps, je rattrape un petit groupe de 5. Très vite on se retrouve à trois, les rythmes de chacun étant différents. Nous commençons à discuter avec mes 2 compagnons, le temps semble passer plus rapidement. Certains passages sont très boueux sur la troisième boucle, on en profite pour marcher et ne pas risquer de se blesser inutilement….ça serait dommage de ne pas finir maintenant ! Les quelques passages de ruisseaux sont durs à négocier, les jambes sont très très très lourdes maintenant. Le jour commence à se lever, nous éteignons les frontales, ça sent bon la fin de course. Cette fois nous arrivons, le village du Perray en Yvelines se réveille doucement, il est 10h du matin, Momo m’accueille une fois encore et nous félicite moi et mes compagnons de route (ou plutôt chemins boueux…).

 Je termine en 12h08mn, 69ème, content d’avoir terminé cette course très difficile, la plus dure que j’ai faite dans la région vu les conditions et le parcours. Un trail vraiment particulier mais qui risque de ne plus se faire de nuit d’après l’organisation qui avait eu une dérogation cette année.

 

 

 
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