Semi de Rambouillet : voyage au bout de l'enfer

Par Romain Hude

 

Ça fait un moment que je l'attends ce semi de Rambouillet, deux ans pour être précis. C'est en effet il y a deux ans que j'y ai fait mon premier semi, en 1h22'10'', avec une météo ... pas glop. Aujourd'hui ça sera mon deuxième semi puisque je n'en ai pas fait d'autre depuis.
Mes dernières séances sur pistes avec Miguel et mon nouveau record sur 10km en novembre me laissent à penser que je dois pouvoir mettre une claque à ce chrono d'il y a deux ans. Moins d'1h20' en principe ; allez, va pour un objectif à 1h19', soit 3'45 au kilo environ.
Levé à 7h (purée, ça fait tôt pour un dimanche), j'avale mon thé et un morceau de gatosport. Coup d'œil à la fenêtre : youpi, il ne pleut pas ! Les conditions sont presque idéales. Ca s'annonce bien tout ça !
Sur la N10 John "oeil de Lynx" m'a repéré et me fait un petit coucou. Je le suis jusqu'à un petit parking proche du départ.
Ensuite c'est du classique : retrait du dossard, échauffement, consigne, épingles à nourrice, bagarre pour se faire une place dans un sas.
Top c'est parti ! Le premier kilo est en descente donc tout le monde y va gaiement. Je dépasse Nicolas R parti un peu devant ; et après un petit raidillon qui annonce l'entrée dans la forêt je me cale dans un bon petit groupe.
5ème kilo passé en 18'30. C'est un peu plus rapide que prévu mais pour le moment je me sens bien, je me permets même de mener l'allure.
10ème kilo en 37'30. Ca c'est pile dans mon plan de marche ! Tout va bien ? Mouais, faut le dire vite. Je commence à avoir des sensations moyennes. Une moitié de mon groupe s'éloigne progressivement (ils ont accéléré, c'est sûr !) et l'autre moitié perd du terrain sur moi (Hé hé, asta la vista, baby !).
Oui mais voilà, on vient de passer le 12ème kilo, mes jambes sont déjà bien dans le dur, et on arrive dans la partie la moins chouette du parcours : 2,5km de lignes droites en plein vent. Je suis tout seul, comme un gland, sans le moindre muret pour m'abriter. Rien qui revient de l'arrière (pas encore, ça c'est pour la suite) et mes copains du début sont une bonne centaine de mètres devant. Autant vous dire que j'ai laissé mes toutes dernières plumes dans ce triste épisode.
Au 14ème kilo un rapide calcul m'indique que je suis encore sur les bases d'1h20, mais je ne vois pas du tout comment je vais pouvoir boucler le dernier tiers du parcours. Ma jambe droite fait un concours de lactique avec la gauche. La gauche semble bien partie pour l'emporter. Tiens, ça serait pas une crampe au mollet que je sens pointer insidieusement ?
15ème kilo : allez j'abandonne ! Je vais encore me faire chambrer comme après le cross d'Anthony mais bon, je m'en suis remis après tout. Je ralenti encore l'allure et cherche le coin le plus discret pour mettre le clignotant (on a sa fierté tout de même, uriner n'importe où avant le départ c'est pas un souci mais abandonner, ça doit se faire discrètement). Abandonner ... c'est bien beau, mais mon sac est au stade, à 6km de là ! Et je me vois mal stopper une voiture façon 'La carte au trésor' pour me ramener. Bon ben je continue alors.
Mais ... mais que se passe-t-il ? J'avance de nouveau à un bon rythme ! Une espèce de second souffle ... qui s'essouffle bien vite malheureusement.
16ème kilo. Je déteste la course à pied ! ça revient sec de l'arrière et pas moyen d'accrocher le moindre wagon. Ils sont dopés c'est sûr
17ème kilo. Ca double de partout, comme au stade le mardi soir quand on récupère entre deux 400m et qu'un autre groupe tourne des 1000 à bloque.
18ème kilo. C'est le dernier ravito. Je marche pour prendre un verre d'eau. Zut mon lacet n'est pas défait. Bon ben je redémarre, alors.
19ème kilo. Le tennis de table, c'est bien ça le tennis de table! Et la belotte, c'est aussi un sport après tout, peut-être même olympique un de ces jours !
20ème kilo. Je regarde ma montre : à tiens, je crois bien que je ne vais pas faire mon objo. A moins de boucler les derniers 1100m en 1 minute...
La dernière ligne droite. N'insistez pas je vous dis que je ne peux pas accélérer ! C'est déjà bien que je n'aille pas à reculons.
Ca bipe de partout, ça doit être l'arrivée. J'arrête mon chrono dans un dernier élan de lucidité : 1h22'20''. Pas mieux qu'il y a deux ans. Bien fait pour toi, fallait faire preuve d'un peu plus d'humilité mon petit gars !

Punaise, c'est dur la course à pied !

 
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