Courir avec du sens, suivez la flèche !

par Claude Charpentier

Comment débuter cette année, et finir la précédente, avec un sujet qui puisse me fournir quelques digressions, tout en gardant un tant soit peu de sens. Très important le sens c’est très mode. On en met partout : en politique bien sûr, ou la moindre parole d’élu ne doit pas être vide de sens sous peine d’être qualifié de technocrate, dans les entreprises pour motiver les troupes rendues apathiques par des années de stagnation salariale et lassées du saut à l’élastique, dans les essais et les romans, surtout ceux ayant échappé aux prix littéraires, à l’érotisme soft et aux diverses diatribes Zemouriennes ou Trierwilleuses, s’ils veulent éviter le pilon et même en cuisine, où ne pas mettre un peu de piment d’Espelette dans ses plats et un non sens gastronomique, du moins d’après Yves Camdeborde le pape de la Bistronomie…

La course à pieds n’y échappe pas et nous sommes de plus en plus appelés à courir en y mettant du sens, pour une bonne cause, pour une personne malade, la prostate,  le cancer du sein, le Sarkothon, ah ben non tiens! Je donne l’idée, François note! Même nos vieilles runnings y retrouvent un sens (bien qu’exporter nos mycoses vers l’Afrique …non je plaisante!), c’est dire l’ampleur du sujet. D’ailleurs nous attendons bientôt la course équitable (sponsorisée par Max Havelar la multinationale de l’équitable, on ne sait pas trop pour qui?) voire même toute bio certifiée. Cela ne posera pas de problème au club, une partie des effectifs certes encore minoritaire, est déjà en conversion via les graines, pour les vêtements techniques cela va être plus  coton. Depuis longtemps bien des courses sont dites raisonnées (vous remarquerez la similitude avec l’agriculture des qualificatifs) c'est-à-dire en fait que l’on essaye de ne pas laisser derrière soit un champ de détritus, gobelets et bouteilles d’eau étalés sur des kilomètres, sacs poubelle de garde au chaud, étuis de gel, pissous et autre m’importe où, ce qui est la moindre des choses pour des personnes civilisées. Bien qu’à  y réfléchir 30,40,50000 coureurs des marathons vedettes cela n’a guère de sens car ils doivent bien, autant qu’un troupeau d’ovins Néo Zélandais, miter la couche d’ozone par leurs émanations (sans compter la montagne de déchets solides annexe) et l’empreinte carbone, pour y aller plus la logistique, ne doit pas être fameuse. Donc malgré tout, fini de faire le bourrin qui court juste pour lui, sa forme, voire son ego (le double effet kiss cool) du sens vous dis-je!

Du bon sens naturellement, ne pas s’engager en sens unique, c’est une voie un peu sectaire et sans retours parfois, sauf de bâtons, mais si vous êtes un rebelle dans l’âme rien ne vous empêche d’aller à contre sens, c’est la moindre des choses, même sur la piste du stade, il y a moins de monde et vous voyez arriver la troupe de furieux qui vous marche dessus si vous n’êtes pas au même niveau de VMA. D’ailleurs les cyclistes y ont droit maintenant, ce qui me semble insensé (sauf lorsque je suis à bicyclette) mais c’est dans l’air du temps, donc allez dans le sens que vous voulez, plus de sens interdits, mais là je ne voudrais pas m’immiscer dans votre intimité sensuelle chacun à les pratiques qu’il veut, cela ne nous regarde pas. Mais à force d’aller dans tous les sens on risque le tournis.

Vous me direz on te voit arriver là, avec le sens dont tu as copié toutes les expressions sur Gougueule. Que nenni, histoire de s’échauffer comme le tour Vauban des entraînements, ce n’est qu’une mise en bouche. Vous savez les mini bouchées dans des verrines qui sont censées vous faire découvrir le talent du chef de cuisine dans les plats à peine plus copieux qui vont suivre, mais avec du piment d’Espelette souvent, et quelques  trainées de sauces qui parfois vous font penser aux virgules de certains lieux .Mais qu’est ce qu’il a contre le piment d’Espelette? Rien! D’ailleurs c’est très mignon ce village on y mange plutôt bien (hors saison) et les piments ils les mettent sur les façades à sécher,  une D&Co façon Damidot,  mais unicolore, très photogénique!

Donc la mise en bouche et l’entrée c’est fait, peut être un peu longues mais c’est l’astuce des restaurants vous caler avec l’entrée, buffet à volonté. Reste le plat de résistance, et je ne vous ferais pas la joie d’un fromage ou d’un dessert, pour le prix il ne faut pas pousser; c’est entrée, plat, point. Donc ton sujet c’est la bouffe? Mais non! On n’en peut plus après deux réveillons et la galette pour pousser le tout, c’est le gavage des anatidés domestiques (je vous en bouche un coin là. Hop vers wikipédia). A ce sujet le gavage, notre BB nationale l’a dit c’est honteux, surtout qu’il y a des peuples qui meurent de faim. Lorsque j’étais gamin, il y a  bien treize lustres, (j’aime bien les lustres comme unité de temps cela fait moins âgé) c’était les Chinois puis les Biafrais, mais depuis cela a certainement évolué vous mettez le nom que l’on vous a seriné petit pour finir vos épinards. On y arrive donc, et là sens ou pas, il va falloir trouver un rapport quelconque avec la course à pieds. C’est là que cela se corse, pour Austerlitz cela ne va pas être facile. Gloser sur les évènements et les adhérents du club Je l’ai déjà fait, il va falloir y retourner mais avant, nouveauté quand même cette année, le challenge trail qui va permettre d’étalonner le niveau de nos adeptes. Nombre d’entre eux sont souvent bi(tume)et nature, pas de sectarisme du genre chez nous. Espérons qu’ils feront honneur à leur entraineur Philippe, très capé sur la spécialité.

Sinon d’une année sur l’autre c’est un peu ressemblant le Club, égal à lui-même que s’en est lassant. Il a encore gagné haut la main le challenge des Yvelines, nos têtes de séries se sont encore bien comportées avec les podiums habituels et même plus, ce qui n’étonne plus personne, nos deux compétitions locales ont eu un succès populaire, un vrai bonheur, et huit équipes ont participé à l’Ekiden de Paris, historique! Et j’en oublie. Sinon  la routine quoi! Il y a bien eu quelques saillies inhabituelles quand même. JCS à frôlé la gagne  du championnat de France de trail V4, dans la douleur, mais vice champion quand même, à 75 balais ce n’est pas ordinaire, JCB aussi à Besançon dans un registre moindre fait le 1 du podium V4 de sa course et a droit à un articulet dans une revue de Jogging, son bâton de maréchal, après une longue carrière (à la Drucker, JC si tu me lis …). De plus deux de nos adhérent(e)s ont eu une pleine page du Courrier des Yvelines pour se raconter, (Michel tu as trouvé un filon mais n’abuse pas quand même, on t’autorise encore le Président ou Marcel Hachi mais basta!). Que demander de plus? Un peu de piment, d’Esp… Non!!! Un peu de hasard, d’inattendu, du fun! Une faille qui puisse donner l’espoir de nous voir tomber. Car tous les psys et tenants des courriers du cœur vous le dirons, la routine c’est la mort de l’amour.

Il nous faut donc surprendre, dérouter, même prendre une rouste pour relancer la passion.  Donc la jouer façon « PSG ». On l’attend, il cafouille et puis gagne au final à l’arrache. (enfin normalement) Ben quoi! Pourquoi ses gros yeux et ce doigt qui menace. (Nico et autres fans, si vous me lisez...)

Pour regagner l’attention il faudrait donc se mettre en difficulté sur des courses importantes. Tous les moyens sont bons : gastro collective après la galette (le panaris du pâtissier) incidents de mémoire ou de  negativ split  des plus âgés sur le genre, ah c’était un 10k et non un semi, Désolé! Multiplier les before «  Bitter End » les veilles de courses (Là je vois des volontaires…). Etc… Je compte sur votre imagination pour faire le show et être consensuel. Je sais cela ne va pas de soi, le challenge est difficile et demande une certaine abnégation, renoncer à la gloire d’un podium, de la coupe et du bouquet ou de la poche à runnings qui va avec, c’est quelque chose, mais c’est le prix à payer pour relancer le suspens et faire croire que cette année c’est de nouveau « open » pour nos concurrents, retenir l’attention sur le club et le suspens final. Tout cela bien sûr ne sera qu’illusion pour les observateurs extérieurs, car malgré tout au moment opportun nous vaincrons quand même dans l’emballage final, ce n’est que de l’aguichage ; là j’avais mis teasing  mais cela faisait trop d’anglicismes( Après finisher, before , runnings, negativ split, open.) pour la section c.a.p de l’académie Française et des journaleux réunis, qui préconise 3/4 mots étrangers maxi pour 2 feuillets de 1 500 signes chacun, grosso modo ma pige, il faut du sens mais compréhensible par tous.

Alors amis du Club, haut les cœurs, dans la défaite et dans la gagne, pour le renom du club, le  Général José vous regarde et compte sur vous pour susciter le désir, le suspens, le respect, l’admiration, l’amour quoi! Car s’il y a une chose qui a encore un peu de sens dans ce bas monde c’est bien encore l’amour. (Oh! Il faut que je me surveille, là je vire un peu « Arlequin »)

 Très bonne année 2015 pleine de sens ou d’amour (rayer la mention inutile) à tous.

Ps : pour info un lustre cela fait dans les cinq ans, ce qui avec cinq bougies vous fait un bel éclairage de fête économe en énergie.